Chang Rim Ji, la surface et la profondeur

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Le peintre coréen Chang Rim Ji expose ses dernières oeuvres à la galerie tRes, à Nantes. L’exposition donne à voir des tableaux aux dominantes jaunes, variations infinies sur un thème floral repris d’un tableau à l’autre, toujours le même, toujours différent.
C’est moins une surface qui s’impose à nous d’emblée qu’une fenêtre, ouverte sur l’extérieur, sur un champ de fleurs agitées par le vent, saisies dans leur mouvement par le trait précis et nerveux l’artiste. 
Approchons-nous un peu de la toile : ce n’est pas un fond blanc, non, mais plusieurs fonds qui se superposent, s’effacent l’un l’autre tout en laissant entrevoir la couche précédente.
La surface n’est pas là pour être vue : elle est là pour cacher, voiler, faire disparaitre. Et dans un double mouvement pour dévoiler et laisser paraître.
Quel est ce secret, que nous entrevoyons à grand effort sous le champ des fleurs épanouies ? Un fin contour noir, interrompu, une bouche, une main, la courbe d’un dos. l’esquisse se dérobe, le croquis initial fait défaut.
Chang Rim Ji nous donne la clef, nous tend son carnet de croquis : des corps de femmes, crayonnés au fusain, seules ou en groupe. Elles sont là, sur la toile, à l’origine de tout. Puis s’effacent.
N’ayons pas l’indélicatesse de chercher plus avant. La psychologie est un appauvrissement.
A la mort de son père, Chang Rim se mit à peindre des fleurs de citrouille jaunes. Sa mère en avait planté un champ entier en mémoire de son mari défunt. Elles sont là, aujourd’hui, sous nos yeux, livrées à notre méditation sur la permanence et la vanité de toute chose.

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